Tribunes publiées en 2022

CONTRE UNE ECOLE DE REPRODUCTION SOCIALE

Durant ces cinquante dernières années, on est passé d’une situation où 3 élèves sur 4 n’accédaient pas à l’enseignement secondaire, à celle où, aujourd’hui, tous les élèves y entrent, y restent au moins cinq ans et obtiennent, pour près de 90% d’entre eux, un baccalauréat qui ne garantit rien en termes de culture partagée et de formation professionnelle. On comprend bien qu’une telle révolution a brutalement et profondément transformé la composition sociale et l’identité culturelle de la population scolaire.

Par Alain BENTOLILA – 30/12/2022

POURQUOI TANT D’ENFANTS NE SAVENT PAS LIRE

Des polémiques méthodologiques sans fondement scientifiques, attisées par des prises de positions idéologiques, ont condamné l’apprentissage de la lecture à une cinquantaine d’années d’errance en matière de choix pédagogiques et de contenus de formation. Deux groupes se sont ainsi longuement affrontés – et s’affrontent encore – mélangeant, jusqu’à la caricature, pédagogie et idéologie, et oubliant, l’un comme l’autre, l’intérêt des enfant les plus fragiles. Ils s’accusent réciproquement, encore aujourd’hui, d’être les « fossoyeurs de l’éducation » ; ils préfèrent les slogans, les mots d’ordre et les anathèmes à la rigueur méthodologique et au suivi lucide de chaque élève.

Par Alain BENTOLILA – 30/11/2022

RESPECT DES RÈGLES ET LIBERTE DE PENSER

L’école française est-elle un lieu où règnent la peur et la frustration contrairement à d’autres systèmes où l’école serait un lieu de joie et de bonheur sans nuages ? Aujourd’hui, toute exigence, toute évaluation quantifiée sont devenues synonymes d’une intolérable stigmatisation des plus faibles et des plus fragiles.

Par Alain BENTOLILA – 30/11/2022

de l’illettrisme à l’analphabétisme

A six ans, un enfant « bien élevé » devrait posséder en moyenne dans sa tête un répertoire de quelque 2000 mots oraux. qui lui permet, lorsqu’on lui parle, de reconnaître le « bruit singulier d’un mot » et d’en comprendre le sens. C’est ce même petit dictionnaire qu’il devra consulter une fois que son enseignant lui aura appris à déchiffrer les mots, c’est-à-dire à traduire en sons ce qu’il aura découvert en lettres. Identification de la composition graphique d’un mot, construction de la combinaison phonique qui lui correspond et requête envoyée au répertoire des mots déjà connus, tels sont les trois temps qui « animent » la démarche initiale de l’apprentissage de la lecture. Pour la plupart des enfants, l’effort de déchiffrage d’un mot devrait trouver ainsi sa juste récompense dans la découverte de son sens. Du moins pourrait-on l’espérer…

Par Alain BENTOLILA – 27/11/2022

DEMAIN YA ECOLE

Oui « demain ya école ! » Comme tous le jours à 8h et demi, chaque enseignant poussera la porte de sa classe pour y retrouver « une vingtaine d’enfants des autres » qui, pour certains, ne savent pas vraiment pourquoi ils sont là et qui, pour d’autres préfèreraient être ailleurs.

Par Alain BENTOLILA – 20/11/2022

CE QUE NOUS SOMMES…

Dans une période où critiquer les actions violentes du gouvernement israélien vaut au juif d’être traité de traitre par sa communauté, dans un temps ou reconnaître le droit à l’existence de l’état d’Israël vaut au musulman d’être accusé d’apostasie, il est urgent d’imposer une stricte distinction entre « appartenance » et « identité.

Par Alain BENTOLILA – 04/11/2022

LA DERADICALISATION, UNE ILLUSION REPUBLICAINE

« Radical » vient du latin « radix » qui signifie « racine ». A partir de l’adjectif « radical », qui caractérise celui qui possède et… exhibe des racines partisanes, on a construit le verbe « radicaliser » et sa nominalisation « radicalisation » qui désignent la pression exercée par ceux qui prétendent faire retrouver ses racines distinctives à quelqu’un ou lui en imposer de nouvelles. En ajoutant le suffixe privatif « dé », on a enfin obtenu le verbe « déradicaliser » et le concept « déradicalisation » qui pointent vers le processus d’amputation ou de modification des racines.

Par Alain BENTOLILA – 30/10/2022

REMETTRE L’ECOLE AU MILIEU DE LA « CITE »

Durant ces dernières décennies, des lieux d’accueil sont devenus progressivement des lieux de réclusion dans lesquels les relations linguistiques précises et le partage culturel équilibré sont quasi inexistants. Dans ces ghettos, qui ont usurpé le beau nom de « cités », le mélange de lambeaux de langue française avec des bribes de langues dites « maternelles » (arabe et langues africaines) ont produit un « code switching, omniprésent dans les échanges. Ce phénomène est en fait un aveu d’impuissance linguistique, et de confusion culturelle plutôt qu’un métissage sémiologique enrichissant.

Par Alain BENTOLILA – 03/01/2022