Tribunes

CHAT GPT TUE LE DESIR D’APPRENDRE

Vouloir savoir ne signifie pas vouloir apprendre. Cette distance nécessaire entre savoir et apprendre est aujourd’hui mise en cause par des réseaux sociaux qui célèbrent la connivence au lieu d’expliciter les différences et qui n’invitent plus au dialogue, mais enferment dans un « entre soi imbécile ». C’est bien dans cette logique délétère que s’inscrit ChatGPT. Le danger qu’il fait planer sur notre école ne se réduit pas à la fraude qu’il autoriserait, car on trouvera toujours les moyens techniques de la dénoncer. C’est bien plutôt dans un rapport perverti aux connaissances que réside la menace.

Par Alain Bentolila – 01/05/2023

COMMENT LE LANGAGE FUT-IL CREE ?

A cette question, le linguiste ne peut tenter de répondre qu’en s’appuyant sur les universaux du langage, c’est-à-dire les principes auxquels obéissent toutes les langues du monde. C’est en étudiant ce noyau commun à tous les idiomes que l’on peut tenter d’imaginer avec humilité et rigueur les étapes de la genèse du langage.

Au début du langage, bien avant qu’AWE ait prononcé son premier vocable, les premiers hommes avaient créé leurs premiers signaux afin d’échanger des informations dont leur survie individuelle et collective dépendait. Il s’agissait de lancer des avertissements, pas encore de nommer des objets ou des êtres vivants ; et il était encore loin le temps où ils échangeraient des propos sur l’organisation du monde.

Par Alain Bentolila – 26/04/2023

UNE ECOLE QUI COMBAT LE SECTARISME ET L’ENFERMEMENT

Le fait que les élèves appartiennent, par un hasard heureux ou non, à des groupes dans lesquels ils partagent certaines croyances, certaines références culturelles, certains comportements, ne doit en aucune façon réduire la liberté intellectuelle de chacun d’eux. Tout comme cela ne doit jamais troubler les valeurs universelles au nom desquelles le projet éducatif national les rassemble. Il apparaît donc absolument essentiel de faire distinguer clairement dans nos classes les deux concept d’appartenance (x ∈ E) et d’identité(x=E).

Par Alain Bentolila – 02/04/2023

PLUS QUE LA TERREUR, L’ABÊTISSEMENT DES PEUPLES SERT LES DICTATEURS

Ni Poutine, ni Khamenei, ni Castro, ni Xi Jinping…. ne sont des imbéciles non plus que des fous. Loin de là ! ils ont consciencieusement décervelé leurs peuples respectifs, ou du moins une bonne partie de leur population, pour les rendre crédules face à leurs mensonges et vulnérables face à leurs manipulations.

Par Alain BENTOLILA – 22/02/2023

MEFIONS-NOUS DE LA DICTATURE DE L’IMAGE

A toutes les étapes de son développement, enseignants et parents doivent s’employer à libérer les enfants du piège de l’évidence pour leur apprendre à penser par eux-mêmes. L’apprentissage de la lecture et de l’écriture s’inscrit au centre du même combat, parce qu’elles les invitent à dépasser les limites de la proximité et de l’immédiat pour libérer leurs imaginations singulières. L’omniprésence des écrans, l’addiction irrépressible aux photos et aux vidéos soumettent aujourd’hui nos enfants au danger d’une régression : l’image règne en maîtresse, imposant la dictature de l’évidence ponctuelle à leur réflexion et à leur imagination, engendrant la méfiance pour toute conceptualisation et la suspicion envers la profondeur historique.

Par Alain BENTOLILA – 29/01/2023

DEFAITE DE LA LANGUE ET DEFAITE DE LA PENSEE

Plus d’un jeune français sur cinq, après des années passés dans les murs de l’École de la République, se trouve dans une situation d’insécurité linguistique globale à l’oral comme à l’écrit. Cette insécurité obscurcit durablement son horizon culturel et professionnel. Échec scolaire, errance sociale, voilà où les a conduit l’incapacité de mettre en mots leur pensée avec précision et de recevoir celle de l’Autre avec vigilance. Pour tous ces jeunes gens et jeunes filles, la défaite de la langue c’est aussi la défaite de la pensée et le renoncement à tout engagement pacifique.

Par Alain BENTOLILA – 20/01/2023

BONS EN ORTHOGRAPHE, BONS EN LECTURE

Plusieurs études convergent pour remarquer que s’il existe des sujets faibles en orthographe et bons lecteurs en compréhension, on trouve difficilement des sujets qui, ayant de bons résultats en orthographe, sont vraiment mauvais lecteurs en compréhension (André OUZOULIAS 2016). Une hypothèse s’impose : la baisse des résultats moyens des élèves français dans ces dernières années en lecture semble être liée à celle qui a été observée durant cette même période en orthographe.

Par Alain BENTOLILA – 18/01/2023

CONTRE UNE ECOLE DE REPRODUCTION SOCIALE

Durant ces cinquante dernières années, on est passé d’une situation où 3 élèves sur 4 n’accédaient pas à l’enseignement secondaire, à celle où, aujourd’hui, tous les élèves y entrent, y restent au moins cinq ans et obtiennent, pour près de 90% d’entre eux, un baccalauréat qui ne garantit rien en termes de culture partagée et de formation professionnelle. On comprend bien qu’une telle révolution a brutalement et profondément transformé la composition sociale et l’identité culturelle de la population scolaire.

Par Alain BENTOLILA – 30/12/2022

POURQUOI TANT D’ENFANTS NE SAVENT PAS LIRE

Des polémiques méthodologiques sans fondement scientifiques, attisées par des prises de positions idéologiques, ont condamné l’apprentissage de la lecture à une cinquantaine d’années d’errance en matière de choix pédagogiques et de contenus de formation. Deux groupes se sont ainsi longuement affrontés – et s’affrontent encore – mélangeant, jusqu’à la caricature, pédagogie et idéologie, et oubliant, l’un comme l’autre, l’intérêt des enfant les plus fragiles. Ils s’accusent réciproquement, encore aujourd’hui, d’être les « fossoyeurs de l’éducation » ; ils préfèrent les slogans, les mots d’ordre et les anathèmes à la rigueur méthodologique et au suivi lucide de chaque élève.

Par Alain BENTOLILA – 30/11/2022

RESPECT DES RÈGLES ET LIBERTE DE PENSER

L’école française est-elle un lieu où règnent la peur et la frustration contrairement à d’autres systèmes où l’école serait un lieu de joie et de bonheur sans nuages ? Aujourd’hui, toute exigence, toute évaluation quantifiée sont devenues synonymes d’une intolérable stigmatisation des plus faibles et des plus fragiles.

Par Alain BENTOLILA – 30/11/2022

de l’illettrisme à l’analphabétisme

A six ans, un enfant « bien élevé » devrait posséder en moyenne dans sa tête un répertoire de quelque 2000 mots oraux. qui lui permet, lorsqu’on lui parle, de reconnaître le « bruit singulier d’un mot » et d’en comprendre le sens. C’est ce même petit dictionnaire qu’il devra consulter une fois que son enseignant lui aura appris à déchiffrer les mots, c’est-à-dire à traduire en sons ce qu’il aura découvert en lettres. Identification de la composition graphique d’un mot, construction de la combinaison phonique qui lui correspond et requête envoyée au répertoire des mots déjà connus, tels sont les trois temps qui « animent » la démarche initiale de l’apprentissage de la lecture. Pour la plupart des enfants, l’effort de déchiffrage d’un mot devrait trouver ainsi sa juste récompense dans la découverte de son sens. Du moins pourrait-on l’espérer…

Par Alain BENTOLILA – 27/11/2022

DEMAIN YA ECOLE

Oui « demain ya école ! » Comme tous le jours à 8h et demi, chaque enseignant poussera la porte de sa classe pour y retrouver « une vingtaine d’enfants des autres » qui, pour certains, ne savent pas vraiment pourquoi ils sont là et qui, pour d’autres préfèreraient être ailleurs.

Par Alain BENTOLILA – 20/11/2022

CE QUE NOUS SOMMES…

Dans une période où critiquer les actions violentes du gouvernement israélien vaut au juif d’être traité de traitre par sa communauté, dans un temps ou reconnaître le droit à l’existence de l’état d’Israël vaut au musulman d’être accusé d’apostasie, il est urgent d’imposer une stricte distinction entre « appartenance » et « identité.

Par Alain BENTOLILA – 04/11/2022

LA DERADICALISATION, UNE ILLUSION REPUBLICAINE

« Radical » vient du latin « radix » qui signifie « racine ». A partir de l’adjectif « radical », qui caractérise celui qui possède et… exhibe des racines partisanes, on a construit le verbe « radicaliser » et sa nominalisation « radicalisation » qui désignent la pression exercée par ceux qui prétendent faire retrouver ses racines distinctives à quelqu’un ou lui en imposer de nouvelles. En ajoutant le suffixe privatif « dé », on a enfin obtenu le verbe « déradicaliser » et le concept « déradicalisation » qui pointent vers le processus d’amputation ou de modification des racines.

Par Alain BENTOLILA – 30/10/2022

REMETTRE L’ECOLE AU MILIEU DE LA « CITE »

Durant ces dernières décennies, des lieux d’accueil sont devenus progressivement des lieux de réclusion dans lesquels les relations linguistiques précises et le partage culturel équilibré sont quasi inexistants. Dans ces ghettos, qui ont usurpé le beau nom de « cités », le mélange de lambeaux de langue française avec des bribes de langues dites « maternelles » (arabe et langues africaines) ont produit un « code switching, omniprésent dans les échanges. Ce phénomène est en fait un aveu d’impuissance linguistique, et de confusion culturelle plutôt qu’un métissage sémiologique enrichissant.

Par Alain BENTOLILA – 03/01/2022