Conclusion

Aux élèves, nous devons dire avec force et amour que la langue n’est pas faite pour parler à ceux qui leur ressemblent, à ceux qui ont les mêmes croyances, les mêmes engagements, la même culture. Ils comprendront que la grammaire donne à la langue la force d’affronter la distance et la différence. Ils auront le courage de parler à ceux qu’ils n’aiment et qui le leur rendent bien. Ils pourront leur dire des choses que ceux-là n’aimeront sans doute pas, mais qui seront comprises au plus juste de leurs intentions. Ils sauront ainsi que seule une maîtrise rigoureuse et audacieuse de la grammaire leur permettra d’accéder à ces hauteurs où se raréfie l’oxygène du pré-jugé et du pré-vu ; là où la langue donne le meilleur d’elle-même ; là où l’Autre est l’unique objet de tous leurs désirs de comprendre et d’être compris. Car c’est bien sur ces hauteurs que la découverte l’emporte sur l’attendu, que la construction du sens est conquête et non soumission. La grammaire leur construira des ponts au-dessus des gouffres vertigineux, par-dessus des failles réputées infranchissables ; elle déploiera alors toute sa puissance, toute son élégance pour repousser la tentation délicieuse de l’insignifiance et de l’enfermement. Ils comprendront que la défaite de la grammaire, c’est la défaite de la pensée.


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