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Projet Erasmus +

2017-2020

Prévenir l’illettrisme par des outils innovants et la collaboration avec les familles


Objectif du projet

Prévenir l’illettrisme : ce projet Erasmus+ a été centré sur la mutualisation, l’adaptation et la diffusion d’outils pédagogiques innovants et transférables à tous les publics (écoles, collèges, lycées, adultes). Il a été conclu lors d’un séminaire en distanciel le 2 décembre 2020.

Présentation générale

  • Le projet Erasmus+ « Lutte contre l’illettrisme » associait en partenariat la DASEN de l’Oise, le CIFODEM, et des institutions de formation en Italie, Roumanie et Turquie. Ce projet a été récompensé par le label européen « Bonne pratique » de haute qualité pédagogique.
  • Ce projet a été coordonné par la Direction départementale des services de l’Éducation nationale de l’Oise (DSDEN) ; il a été accompagné par le CIFODEM, contributeur pédagogique de la dissémination du ROLL à l’étranger.
  • Il a donné lieu à un travail inspiré, collectif, consciencieux des cinq délégations française, turque, roumaine, italienne du nord et italienne du sud.
  • La contribution du CIFODEM a été fondée sur le dispositif ROLL, le Réseau des Observatoires Locaux de la Lecture.
  • Le ROLL est à présent « traduit » en italien (Université de Basilicate, à Matera) et connu et utilisé par les autres partenaires du projet.

La coordination du projet

En septembre 2017, la Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale (DSDEN) de l’Oise a décidé de mener un projet ERASMUS + pour travailler avec d’autres structures analogues issus de trois pays européens : les directions académiques de Turin dans le nord de l’Italie, celle de Konya en Turquie, celle de Braila en Roumanie et enfin avec la collaboration de l’Université de la Basilicate de Potenza dans le sud de l’Italie.

Les contenus du projet

L’objectif, contenu dans le titre, est a priori simple « Lutter contre l’illettrisme avec des outils innovants et la collaboration des parents ».

Le concept ? Partager les bonnes pratiques, les dispositifs d’apprentissages modernes, recenser ce qui se fait dans chacun de nos pays en la matière, les regrouper pour les utiliser en synergie. Trois ans ont été nécessaires pour que les partenaires puissent prendre connaissance des outils de chacun, se former à leur utilisation et former dans les pays partenaires un maximum d’acteurs susceptibles d’intégrer ces démarches et ces outils  dans les pratiques d’enseignement.

            La mission de l’école est de mener tous les enfants vers la réussite scolaire et de permettre l’acquisition du socle commun de connaissances et de compétences. Ces deux objectifs amènent aujourd’hui les enseignants à s’interroger sur les méthodes les plus efficaces pour y parvenir. Et particulièrement quand on parle de lecture et de compréhension de textes où, pour les motiver et rendre la lecture plus ludique (face à la concurrence des écrans et autres tablettes), il faut repenser les méthodes. Les nostalgiques d’une école où tous les élèves réussissaient le déploreront peut-être mais le contexte a changé. Comme le rappelle le Professeur Alain Bentolila, en quarante ans nous sommes passés d’une situation où trois élèves sur quatre n’accédaient pas à l’enseignement secondaire, à celle où tous les élèves y entrent aujourd’hui et y restent au moins 5 ans.

            Pour ce faire, les outils numériques constituent des ressources potentielles qui viennent enrichir les outils existants dans les pratiques pédagogiques. Au-delà de ces outils, ce sont les démarches et la posture de l’enseignant qu’ils est souhaitable de faire évoluer dans le cadre des Ateliers de Compréhension de Textes (les ACT). En quoi l’ACT peut-il constituer des atout essentiel ? L’ACT privilégie les pratiques orales interactives et collaboratives en petit groupe de 8 à 10 élèves pour apprendre à comprendre un texte ; il s’agit de décloisonner l’activité de compréhension écrite en l’alliant à l’expression orale des élèves. Recueillir avec autant de bienveillance que d’exigence les représentations des élèves pour en faire un matériau de réflexion collective et viser une éducation du lecteur, c’est favoriser une éducation citoyenne et scientifique : l’élève est éduqué à la recherche de la preuve de ses propositions dans le texte. Il devient ainsi acteur de sa compréhension, beaucoup motivé parce que reconnu.

Par ailleurs, depuis 2014, le ROLL, Réseau des Observatoires Locaux de la Lecture a formalisé la « Machine à lire », application numérique pour travailler l’endurance en lecture.

            Partager ces outils proposés par le CIFODEM avec les partenaires européens, les adapter à leur langue, leur culture, leur système scolaire a nécessité des ajustements, provoqué des débats et induit que l’on accepte de faire évoluer les pratiques d’enseignement. Ce fut passionnant ! Lors de ce projet Erasmus +, il a été possible de faire vivre, tels des élèves, des ateliers de compréhension de texte à des inspecteurs, des formateurs, des recteurs de différents pays. Chacun s’est frotté au fonctionnement de son voisin et a pu s’enrichir des points de vue des autres.

Le partenaire turc a formé les partenaires du projet à sa version réactualisée du « Jigsaw ». En quoi consiste cet autre dispositif pédagogique ?

Dans la classe, les élèves sont regroupés en îlots de 5-6. Les élèves se répartissent des paragraphes d’un texte dans un temps imparti et évoluent de table en table pour confronter ce qu’ils ont compris du texte ; ils explicitent leurs démarches et leurs tâtonnements. Puis ils utilisent la tablette pour vérifier leur niveau de compréhension avec un test de type Kahoot.

Quant aux partenaires roumains, ils ont conçu un dictionnaire lexical thématique disponible sous forme d’application numérique ou de fichiers en libre-service en classe. Ces fichiers ont été traduits dans plusieurs langues.

L’innovation de ces dispositifs ? L’intégration du numérique, la personnalisation des outils et une organisation de classe où tous les élèves sont acteurs ; ces derniers sont invités à échanger des points de vue, argumenter, expliquer aux autres comment ils sont parvenus à comprendre les éléments d’un texte.

Le ROLL prévoit un test de positionnement en début d’année pour cibler les compétences des élèves et leur proposer des exercices profilés sur les compétences échouées. Enfin, le dictionnaire thématique, la machine à lire et le Jigsaw ont été proposées en format numérique pour permettre aux élèves d’entrer de façon ludique, progressive et autonome dans des activités de lecture ou d’acquisition de vocabulaire. Ces activités, les élèves peuvent les pratiquer de façon autonome, en classe ou chez eux.

La grande plus-value du projet a résidé dans le fait que tous les partenaires ont des publics cibles différents. En France, les outils du ROLL concernent les élèves d’école élémentaire et de collège ; en Italie, les mêmes outils, traduits en italiens, sont proposés à un public d’adultes issus de l’immigration récente : les partenaires de Turin ont adapté le ROLL (tests de positionnement, ateliers de compréhension de textes, exercices profilés de perfectionnement) pour qu’il se prête à un public allophone et l’étendent à toutes les thématiques de la vie courante : la ville, les services publics, le travail, etc.

Ce qui compte, c’est bien la démarche, applicable à tous types de textes. Dans ce contexte, on voit bien que les perspectives sont multiples car potentiellement déclinables pour l’enseignement des langues étrangères ou n’importe quelle autre matière.

Tel est l’esprit des projets européens Erasmus + qui cherchent à mutualiser les bonnes pratiques, les rendre concrètes pour une société où chacun devrait trouver sa place.

Le projet a été conclu lors d’un séminaire en distanciel le 2 décembre 2020

Ce séminaire distanciel était ouvert à tous les enseignants et formateurs de France.

Il a permis de présenter le projet Erasmus+ Illettrisme, un projet mené entre 2017 et 2020 avec des partenaires d’Italie du nord, Italie du sud, Roumanie, Turquie issus du monde l’Éducation et de l’Université.

Outre la valorisation du projet et de ses productions, le séminaire a permis d’analyser deux questions :

  1. le rôle de l’école dans la prévention de l’illettrisme
  2. la coopération de l’école avec les familles
  3. S’agissant du rôle de l’école, la réflexion sur la didactique de la compréhension de l’écrit a donné lieu à la présentation les pratiques à privilégier. En préambule, Alain Bentolila, grand spécialiste des questions de lecture, est venu poser le cadre de la réflexion : illettrisme, quelles causes, quels enjeux ?

Les productions Erasmus+ pour la prévention de l’illettrisme, déployées pendant ces trois années, sont le ROLL (France), le JIGSAW Erasmus+ (Turquie) et le Dicovoc (Roumanie). Ces outils, présentés sur le site internet du projet www.erasmus-illettrisme.fr , ont fait l’objet de nombreuses formations dans les pays partenaires et en France auprès de 750 enseignants de toutes matières allant de la maternelle à l’enseignement pour les adultes. Ces dispositifs ont pour point commun une pédagogie collaborative où l’expression orale tient une place fondamentale pour expliciter les démarches de compréhension. Ils mettent en lumière l’importance du climat scolaire. En effet on ne peut dissocier l’illettrisme du décrochage scolaire, celui-ci étant bien souvent la conséquence du décrochage d’élèves ne trouvant plus la motivation et la confiance en eux pour relever les défis de la lecture.

  • S’agissant de la coopération de l’école avec les familles, le séminaire a mis en lumière les obstacles et les leviers d’action pour améliorer l’indispensable complémentarité entre l’école et les famille pour favoriser la réussites des élèves dans leurs apprentissages.

Plus que jamais, alors que la fracture numérique et l’isolement du confinement ont touché plus durement les populations socialement défavorisées, l’école doit renouer le lien avec les parents pour qu’ils puissent comprendre l’action de l’école et la soutenir pour la réussite des élèves.


Site internet du projet